Autre temps, autres mœurs

Les milliards valsent, mais seront-ils suffisants ? Ce qui était un doute devient une certitude, c’est non ! Il est enregistré que la BCE a repris la main, mais il va falloir la garder le temps passant. Les métaphores guerrières destinées à rassurer et assurer les faux-semblants sont de sortie. L’un parle de son « bouclier », l’autre de la « bombe » que représenterait l’activation du Mécanisme de stabilité européenne (MES), d’autres encore font état des « munitions illimitées » de la banque centrale. Et le gouvernement français tente de contenir la chute de l’activité économique en créant une « task force ».

En raison de sa dynamique, limiter la propagation de la pandémie afin d’éviter la saturation du système de santé n’est déjà pas assuré ; qu’elle puisse s’éteindre « naturellement », sans rebonds prononcés, une fois l’infection ayant atteint un seuil critique reste encore à vérifier. En attendant, le gouvernement britannique qui comptait dessus a dû changer son fusil d’épaule devant les prévisions insoutenables des épidémiologistes et engager de premières mesures jusqu’ici négligées. S’il faut attendre la découverte d’un vaccin et sa production en grande série, ce n’est plus en semaines mais en mois qu’il va falloir compter.

Les transgressions sont inévitables, des dogmes vont devoir être abandonnés. Déjà, Angela Merkel a accepté que les ministres des Finances engagent une discussion à propos de l’émission de corona-obligations, avec pour conséquence, si elles devaient aboutir, une mutualisation hier encore inconcevable. Et tant pis pour l’explosion du plafond de l’endettement qui en découlerait !

Le Mécanisme européen de stabilité (MES) finira bien par être de la partie, impliquant une autre mutualisation avec des conditionnalités que l’on pressent amoindries (les contreparties budgétaires). En attendant, la BCE a laissé entendre qu’elle pourrait revenir sur ses dispositions qui l’obligent à ventiler ses achats de dette publique au prorata des PIB des pays de la zone euro, étant en passe d’atteindre son quota de dette allemande.

Mais ce qui est en jeu va au-delà. La monétisation de la hausse des déficits publics pourra-t-elle longtemps être évitée ? Quel est véritablement le dernier recours, les États ou les banques centrales qui seules peuvent les soulager ? Cette frontière-là va s’ouvrir, ce sera bien la seule…

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